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À quand l’enfant?

Adulte, la femme qui n’a pas d’enfant ,est sujet à toutes sortes de questions et/ou moqueries pouvant la déstabiliser. Surtout si elle n’a pas le soutien de son conjoint.

Crédit photo:freepik

« Tu prends de l’âge, à quand ton premier enfant ». Cette question
embarrassante, la femme africaine doit l’avoir entendue au moins une fois dans
sa vie.

D’une trentaine d’années, Sê s’est mariée traditionnellement  à Habib depuis deux ans.

La cérémonie  fut merveilleuse. Depuis peu, elle fait l’objet de toutes sortes de railleries.
Aînée d’une fratrie de quatre enfants, elle est la seule, sans enfants.
Permettez-moi d’user de ce style pour expliquer le comportement de nos parents
africains. En occident, on se fiche que tu aies d’enfants ou pas. Mais les
nôtres, c’est un autre level. Lors des rassemblements
familiaux, ses tantes lui demandent ce pourquoi elle tarde à concevoir. Une
d’entre elles va jusqu’à lui demander si elle n’est pas malade.

La dame en souffre mais ne doit pas le leur montrer. Elle doit faire bonne mine.

Malgré les traitements médicaux, les menstrues font irruption chaque fin de
mois. Rien de plus douloureux…. Mais elle s’encourage et continue les
traitements.

Un an, après son époux lui annonce le jour de son anniversaire, la
naissance d’un enfant issu d’une relation avec une femme rencontrée lors d’une
soirée. Sê est abasourdie et pleure. Elle pleure toutes les larmes de son
corps. Il la console et lui dit qu’il a été piégé par la dame et qu’il ne
recommencera plus.

Le lendemain matin, le couple se rend à une cérémonie dans la belle-famille.

Il est félicité pour sa prouesse (la naissance d’un garçon). Ses sœurs
se moquent de Sê qui pleure tout le long de la cérémonie familiale.

« Dieu m’a-t-il oublié ? » s’écria t’elle…. Elle sort de la concession afin d’éviter les belles-sœurs.

Le couple rentre dans la soirée avant la fin des festivités. Tout le 
trajet, Sê ne répond à aucune question de Habib.

Elle passe des nuits blanches entre pleurs et prières. Pourquoi la vie
est-elle injuste ?

Elle finit par payer  des tisanes chez une  vieille au marché pour pouvoir vite concevoir.
Mais le résultat reste le même. Elle se consacre à la méditation et la prière
pour ne pas déprimer.

La nouvelle compagne d’Habib appelle à des heures indues afin de la narguer.

Elle l’appelle souvent pour des coups de fièvre de l’enfant, la dentition et
autres. Parfois le week-end, Habib est absent parce que sa seconde belle-famille a besoin de lui.

Doit-elle continuer avec cet homme ou rebrousser chemin ? Cette
question lui taraude l’esprit.  

Dans la foulée, Habib tombe malade et ne rentre plus à la maison comme à l’accoutumée.
Sê lui demande ce pourquoi elle ne le voit plus comme avant. Il lui explique qu’il
est indisposé raison pour laquelle il est au village. Sê lui dit qu’un malade
va à l’hôpital et non au village.

Il rétorque en disant qu’il ne veut pas qu’elle aille en prison vu que sa
famille ne la connait pas. Il renchérit en disant qu’une femme qui n’a pas encore
d’enfants pour son mari, n’est pas reconnue par cette dernière.

Nous avons un problème éducationnel. Les hommes doivent apprendre à soutenir
leurs femmes dans tous les projets y compris celui du désir de grossesse. La plupart
du temps, l’homme n’aime pas faire les examens médicaux recommandés par le gynécologue.

Selon lui, la femme est la seule à avoir des problèmes de conception.

Etant, un mâle dominant, il peut enceinter n’importe quelle femme.

Notre société a tendance à juger la femme en raison du fait qu’elle ait un
enfant ou pas. Le plus déplorable est qu’elle n’a souvent pas le soutien de son conjoint qui la livre à sa famille.

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